M'AIMES-TU ?
LE MOT DU PASTEUR - MARS 2025
« Simon, fils de Jonas m’aimes-tu ? »
Jean 21.15
C’était sur le rivage du lac de Tibériade et à l’aube d’un matin. Jésus ressuscité a fait sa 3ème apparition à ses disciples. Cet évènement est encadré par 2 paroles.
La 1 ère est celle de Pierre : « Je vais pêcher ! » (Jn 21.3) C’est une parole très courte mais chargée de multiples sentiments complexes qui habitaient les disciples qui se trouvaient seuls après la mort de leur maître.
La 2ème est celle de Jésus adressée à Pierre : « Suis-moi ! » (Jn 21.19)
Entre les 2 paroles, il y a le sentiment d’échec total chez les disciples, les pêcheurs galiléens, après le travail pénible et vain de la nuit, la visite du Seigneur ressuscité, la pêche miraculeuse et le petit déjeuner sur le rivage. Et à la fin, il y a le dialogue intense entre Jésus et Pierre.
Après le repas, le Seigneur appelle Pierre. Le moment de face à face redoutable et plus ou moins attendu par Pierre arrive. Appelé par son maître, il se demande : « Le maître, me demandera-t-il pourquoi je l’ai renié ? Que pourrai-je alors lui répondre ? » Or, la question du maître est loin de tous les scénarios que Pierre a imaginés. Voici sa question : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Quelle question inattendue ! « Quoi ! Seigneur, tu me demande si je t’aime ! Ma réponse est oui, je t’aime » Mais Pierre n’a pas pu dire « je t’aime » tout court car il s’est souvenu de son reniement, l’évènement traumatisant qu’il n’a jamais oublié. Et il y rajoute : « Tu sais »
La question de Jésus est formidable. Car elle est suffisante pour aller directement à l’essentiel et pour examiner ce qui est le plus fondamental chez Pierre. Elle est suffisante surtout pour restaurer la relation brisée entre lui et son maître. Pierre a déjà regretté son reniement. Il a déjà amèrement pleuré. Sa repentance profonde a déjà commencé. Mais sa relation avec son maître, toujours profondément troublée par son reniement, devait être rétablie. Tel est le but de Jésus, dans cet entretien. Et sa pédagogie est admirable. Jésus pose trois fois à Pierre la même question comme cette nuit-là où on lui avait posé trois fois la même question : « Toi aussi, n’es-tu pas de ses disciples ? » Celui qui a renié 3 fois en disant « je ne le connais pas » est en train de dire 3 fois « Seigneur, tu sais que je t’aime ». Chaque mot que Pierre répète déchire son cœur et en même temps le libère du poids de sa culpabilité. Chaque mot d’amour prononcé « Seigneur, je t’aime », commence à briser la chaîne qui l’attachait depuis cette nuit-là. Le Seigneur a utilisé l’écroulement de Pierre, pour l’amener à découvrir sa faiblesse naturelle et son besoin de la grâce de Dieu. Le dialogue était très court. Pourtant dans ce court dialogue, à travers de question et réponse répétée 3 fois, tout a été dit.
Quant à moi je suis à la fois rassuré et averti par cette question. Elle me rassure. Si le Seigneur me posait des questions sur mes compétences, mes capacités, mes qualités ou encore… j’aurais du mal à répondre par un « oui ». Mais s’il me demandait si je l’aime je pourrais, malgré mes faiblesses, mes manquements et tel que je suis, lui répondre comme Pierre : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ! » En même temps, cette question m’avertit. Elle m’avertit que je ne dois rien chercher d’autre qu’aimer le Seigneur. Que mon amour pour lui seul doit être le moteur de mon engagement, la raison de mon service, la source de ma joie et le renouvellement de ma force.
« Seigneur, je t’aime ». Après cette réponse, Pierre reçoit la mission de prendre soin des brebis du Seigneur. Quelle folle confiance de la part du Seigneur à l’égard de Pierre ! Quelle récompense merveilleuse pour un homme qui a renié son maître trois fois !
Pourrait-il nous arriver de ressembler à Pierre qui dans sa tragique faiblesse humaine a renié son Maître ? Or, le Seigneur reviendra à nous pour nous demander : « M’aimes-tu encore ? »
Nous posant cette question, il nous offre l’occasion gracieuse de lui dire : « Seigneur, tu sais que je t’aime ! » Notre amour pour lui renouvellera notre vocation et notre force. Et nous prendrons notre vol comme les aigles !
Byeong-Koan Lee, Pasteur