CROYANCE OU FOI
LE MOT DU PASTEUR - NOVEMBRE 2021
Certainement êtes-vous, au moins en partie, étonné par cette question : pourquoi opposer croyance et foi, n’est-ce pas la même chose ?
La croyance n’est-elle pas la foi ? La foi n’implique-t elle pas croyance ?
Le français, langue si riche, comprend cependant des limites dans ses mots, dans ses verbes. Un même mot peut vouloir dire tant de choses différentes (homonymie) et du coup nous ne savons pas de quoi nous parlons. Ainsi quand le mot amour est utilisé, il nous faut distinguer quel est le sens voulu parmi tant de sens (amour d’amitié, amour de plaisir, amour de convoitise, amour de Dieu et agapè chrétien… et ainsi de suite).
En distinguant la croyance de la foi, nous voulons distinguer deux attitudes possibles lorsque nous évoquons le mot croire.
Il y a une croyance de savoir que nous traduisons dans nos liturgies et dans nos cœurs, mais qui pourrait être dépourvue de foi, c’est-à-dire sans engagement, sans élan vers la personne du Christ et ses directions… sans la foi don de Dieu.
Ainsi, Marthe, lorsque Jésus l’interroge « Je suis la résurrection et la vie… / … crois-tu cela ? » répond non pas à la question de Jésus mais par ce qu’elle croit « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ». Ce qu’exprime Marthe relève d’une très belle confession De foi, époustouflante même à la lecture des Evangiles, oui, mais... mais voilà, Marthe ne répond pas à la question de Jésus, elle ne se laisse pas interpeler et n’entend pas ce que Jésus vient de lui dire : « Je suis la résurrection et la vie ».
Si l’attitude de Marthe, son absence de foi face aux mots de Jésus peut encore nous faire hésiter sur la distinction, d’autres textes de l’Ecriture nous montrent des confessions de foi démoniaques qui doivent nous éveiller et qui ne relèvent pas de la foi qui s’en remet au Seigneur, qui ne compte pas sur son action. Il en est ainsi des démons qui proclament que Jésus est le Fils de Dieu.
Jacques, le frère du Seigneur interpelle l’Eglise : « tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils tremblent ». Ce texte comme tant d’autres distinguent une croyance qui n’est pas obéissance, qui ne s’en remet pas au Seigneur de la vie, qui est cette bondieuserie qui est capable de dire à celui qui n’a rien, « allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous » ; bondieuserie lancinante pour celui qui n’a rien mais qui sauve les apparences. Or, la foi don de Dieu, « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère », elle est expérience personnelle de confiance en Christ et d’obéissance, elle implique une expérience, une mise en œuvre de ce que nous croyons.
Dominique Collin dans son livre au titre provocateur « le christianisme n’existe pas encore » pense qu’une des raisons majeures de la décroissance des Eglises est l’absence de foi, et une option pour une croyance de déclaration, de non mise en mouvement de la foi qui est don de Dieu et que l’homme n’a pas. L’éclairage de Dominique Collin est connu, existe bien sûr depuis longtemps dans le milieu chrétien et évangélique, il cite souvent Soren Kierkegaard, philosophe chrétien danois qui éveille à cette distinction.
Au moment, où nous allons rentrer dans certaines célébrations festives, nous qui célébrons régulièrement nos cultes et le Seigneur dans nos vies, combien il est fondamental que nous soyons dans la foi vivante en Christ, foi qui compte sur les manifestations de Christ, sa vie dans nos vies, comme le dit l’Apôtre Paul « pour moi vivre, c’est Christ », foi qui comme Pierre met ses raisonnements de côté pour dire à Jésus, « mais sur ta parole je jetterai les filets ». (Luc 5.5b).
« Or, sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu ; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. »
Hébreux 11.6.
Puissions-nous dire régulièrement avec ce Père « je crois, viens au secours de ma foi ».
Antoine Da Silva