LA PRIÈRE DE YAEBETS

LE MOT DU PASTEUR - MARS 2023

mars 2023

 

Dans le bulletin de février, j’ai partagé pour le mot du pasteur, la confession de foi du centurion : « Dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri », et je l’ai terminé par cette prière : « Seigneur, dis-nous un seul mot, une seule parole que tu aimerais que nous entendions ! » Voilà une des paroles que j’ai entendues depuis. C’est la prière de Yaebets qui se trouve dans 1 Chroniques 4.10 :

« Yaebets invoqua Dieu en disant : Si tu me combles de bénédictions et que tu étendes mes limites, si ta main est avec moi, et si tu fais que, loin du malheur, j’échappe à la douleur !... Et dieu accorda ce qu’il avait demandé ».

Le livre 1 Chroniques commence par une liste généalogique très longue et presque endormante. Elle occupe 9 chapitres durant lesquels on ne voit que des noms qui défilent. Dans certains versets, on trouve même 7 noms collés l’un à l’autre. Certains noms sont difficiles voire impossibles à prononcer ! Pire que certains noms alsaciens ! Et au chapitre 4, quand on arrive au verset 9, on voit un nom surgir ; celui de Yaebets.

A ce nom, l’auteur du livre change de style en cassant le rythme. Jusqu’ici il énumérait uniquement des noms sans aucun commentaire. Or quand il a vu le nom Yaebets, il s’est arrêté car il ne pouvait pas se contenter de citer juste le nom. Il a pris du temps et lui a consacré 2 versets. Il voulait absolument que les générations suivantes dont nous, se souviennent de lui à travers ces 2 versets.

Parlent-ils d’une action extraordinaire de Yaebets ? S’agit-il d’un évènement glorieux ? Non ! L’auteur du livre a voulu dire ceci : « Yaebets priait et Dieu exhaussait ses prières » Au commencement, sa vie était une tragédie ! Cette tragédie le poursuivait puisque son nom signifie « douleur ». En fait il s’appelle « Douleur ». Quel nom ! Sa mère lui a donné un tel nom car elle l’a mis au monde dans la souffrance. Quel fardeau de l’héritage du passé Yaebets devait porter si durement ! Tel était le commencement, le premier chapitre de sa vie.

Quelle en sera alors la fin, le dernier chapitre de sa vie ? Voici la réponse : « Dieu a exhaussé ses prières ! » Qu’a-t-il demandé à Dieu par sa prière ? 2 choses : « Que Dieu éloigne de moi le malheur et la souffrance ! » « Que Dieu élargisse mes limites ! » Oui, supporter une douleur est pénible. C’est pourquoi Yaebets prie Dieu d’éloigner la souffrance de lui. Or ce qui est encore insupportable pour lui, c’est de voir sa vie se rétrécir petit à petit, diminuer de plus en plus sous le poids de son passé et à cause du malheur de son présent ! C’est pourquoi il prie Dieu d’élargir ses limites, de déconfiner son âme !

Yaebets n’a pas considéré l’évènement traumatisant de son passé comme un destin fatal qui va déterminer tout le reste de sa vie en l’enfermant dans une sorte de prison. Il l’a transformé en sujet de prière en disant :

« Seigneur, éloigne de moi le malheur ! Elargis mes limites ! Fais sortir mon âme de sa prison ! »

Voilà la grandeur de Yaebets ! C’est sa capacité d’invoquer Dieu au sein de son malheur et de transformer sa souffrance, sa détresse et ses limites en sujets de prières !
Yaebets nous apprend que tout peut devenir sujet de prière ! Nos souffrances physiques, morales ou spirituelles peuvent être transformées en prière. Nos limites que nous constatons tristement peuvent devenir prière. Tous les moments de nos vies peuvent devenir l’occasion d’invoquer le Seigneur.

Oui, l’auteur des Chroniques n’a rien dit concernant la vie de Yaebets. On aurait bien aimé connaître davantage son histoire surtout la suite, l’épilogue de sa prière ; sa guérison, son succès, sa prospérité ou sa gloire... ! Mais l’auteur s’est contenté de résumer en 2 phrases :

« Yaebets a prié Dieu. Et Dieu accorda ce qu’il avait demandé ! ». 

Mais je suis persuadé qu’il a dit ce qui est l’essentiel d’une vie d’un croyant ! Le croyant est celui qui prie et qui reçoit la réponse de Dieu.

Byeong-Koan Lee, Pasteur